Paru à l'aube de ce troisième millénaire sur PC, White Day : A Labyrinth Named School n'avait alors pas eu le privilège de bénéficier d'une excursion hors des frontières sud-coréennes. Faute réparée puisque sort en ce mois d'août, à la fois sur PC et sur PS4, le titre du développeur Sonnori, dans un enrobage flambant neuf dont ont déjà pu profiter nos amis sud-coréens en 2015, sur mobile.
Considéré comme un classique du survival-horror à la première personne au pays du matin calme, White Day renvoie à cette fête célébrée le 14 mars parmi les jeunesses japonaise et sud-coréenne notamment et qui fait directement écho à celle de la Saint-Valentin, ayant lieu exactement un mois plus tôt. Tout garçon s'étant vu offrir des chocolats ce jour-ci se doit à son tour d'honorer la demoiselle d'un présent de son choix, selon la réciprocité ou non des sentiments.
C'est comme une boîte de chocolats...
Ainsi Lee Hui-Min, élève au lycée Yeondoo, reçoit-il le jour de la Saint-Valentin un présent d'une de ses camarades, Han So-Young. Notre jeune homme peu dégourdi, qui s'est pas mal entiché de la demoiselle, décide alors de s'introduire dans le lycée de nuit, la veille du fameux White Day, afin de dissimuler une boîte de chocolats dans la salle de classe de sa dulcinée. Comme vous devez vous en douter, tout ne va pas exactement se dérouler comme prévu et le lycée Yeondoo sera le théâtre d'évènements pour le moins étranges.
Au cours de son excursion, Hui-Min fait la rencontre d'autres élèves s'étant également faufilés à l'intérieur du bâtiment cette nuit-là. Ces rencontres donnent lieu à plusieurs dialogues à choix multiples, dont certains influent directement sur la suite de l'aventure. On peut déplorer à ce sujet le manque de charisme des différents protagonistes, à commencer par Hui-Min, lisse et générique au possible, son mutisme n'arrangeant pas les choses.
Sachez par ailleurs que vous avez la possibilité de choisir entre les voix anglaises ou coréennes (pour les autres personnages donc). Je ne saurais que trop vous conseiller d'opter pour ces dernières, pour une meilleure immersion dans cet univers typiquement coréen.
Esprit, es-tu là ?
Et en matière d'ambiance, on est plutôt bien servis. Si le synopsis se révèle somme toute assez banal, c'est davantage dans le background du titre que le scénario prend toute son ampleur. Le lycée Yeondoo est un véritable personnage à part entière et ses murs regorgent de petits secrets macabres, avec au programme : histoires de fantômes, tables de ouija et autres suicides inexpliqués. Autant d'éléments scénaristiques qu'il vous faudra découvrir au fil de l'aventure, au travers des très nombreuses notes à récupérer. Si certaines s'avèrent nécessaires pour la progression du jeu, d'autres ne revêtent pas de rôle essentiel, sinon celui de décrire le quotidien des lycéens et des professeurs. On peut souligner à ce sujet la très bonne traduction française du jeu, ce qui est grandement appréciable tant on passera du temps à compulser les notes glanées.
Bien sûr, en bon survival horror qui se respecte, White Day réserve au joueur son bon lot de frayeurs et à ce titre, l'habillage sonore joue un rôle essentiel. Chaque apparition d'esprit, chaque danger imminent s'accompagne d'un petit son distinctif et glaçant pour le joueur, qui garde en permanence cette impression que quelque chose va lui tomber dessus (ce qui n'est pas toujours le cas d'ailleurs). Des portes qui grincent, des crissements contre les vitres, des lumières qui s'éteignent toutes seules : on ne se sent jamais vraiment à l'abri.
De plus, s'agissant d'un jeu à la première personne, certains esprits ne manqueront pas de surgir subitement devant l'écran et de filer une sacrée frousse aux joueurs. Toutefois, si les premières apparitions peuvent se montrer effrayantes, celles-ci finissent par lasser, d'autant que ces "jumpscares" aléatoires et un peu faciles ne s'esquivent que difficilement.
Until Dawn
Outre vos camarades de classe, vous aurez sans doute l'occasion de croiser celui qui sera votre motif de stress permanant au cours de votre partie : le gardien de nuit. Muni d'une torche et d'une batte de baseball, cet individu passablement dérangé n'aura de cesse de guetter le moindre de vos mouvements afin de vous faire mordre la poussière. La seule solution qui s'offre alors à vous est de courir le plus loin possible en fermant toutes les portes derrière vous et en vous dissimulant dans une zone d'ombre. Avec un peu de chance, le vieil aigri vous lâchera les basques, mais sachez que le semer ne sera pas une mince affaire.
Vous l'aurez compris, White Day fait partie de ces titres qui exploitent au mieux la dimension survival du genre, avec aucun moyen laissé à la disposition du joueur pour se défendre directement face à la menace. En revanche, tout le nécessaire à la survie du personnage peut être déniché dans le lycée : des denrées alimentaires servant à régénérer la santé, des pièces de monnaie à utiliser dans des distributeurs automatiques (pour se procurer les dites denrées) et surtout des feutres permettant de sauvegarder sa progression sur l'un des tableaux de bord de l'établissement. À l'image des rubans encreurs des premiers Resident Evil, ces feutres ne sont pas illimités, ce qui incite fortement à la parcimonie. Notons également l'importance du briquet, fort utile pour éclairer les endroits sombres sans éveiller les soupçons du gardien.
Grise mine
Autant se l'avouer, White Day ne brille pas vraiment par sa dimension visuelle. Mention spéciale à la scène d'introduction, tirée directement de la version mobile et dont l'aliasing envahissant n'aurait pas à rougir face à certains titres de l'ère PS2. La monotonie et la fadeur des environnements traversés n'aident pas non plus à ce niveau-là. Après tout, l'aventure se déroule intégralement entre les murs du lycée Yeondoo et, hormis lors de certaines séquences mémorables (bien que trop rares), vous n'aurez pas l'opportunité de voir défiler autre chose que des couloirs grisâtres, des halls vides et des salles de classe quasi-identiques.
Les animations in-game accusent également un certain retard et nombre d'entre elles prêtent plus à sourire qu'à autre chose. On pense notamment à la démarche rigide au possible du gardien lorsqu'il vous poursuit, ce qui est regrettable tant ces séquences sont par ailleurs susceptibles de susciter quelques sueurs froides
La grande évasion
De façon générale, White Day invite le joueur à passer le plus clair de son temps à déambuler dans les couloirs et les salles de classe à la recherche de quoi lui permettre de s'extirper du lycée. Nombre de casiers, de tiroirs et d'armoires devront ainsi être fouillés sans que pour la plupart du temps cela mène à quelque chose. Le procédé devient pernicieux lorsque l'on est contraint d'exécuter un certain nombre d'actions dans un ordre précis pour que la progression puisse se faire ; par exemple, lorsque l'obtention d'une note spécifique est nécessaire pour pouvoir s'emparer d'un objet pourtant déjà clairement visible et préhensible. On se retrouve ainsi parfois à sonder les moindres recoins du lycée alors même que l'énigme est déjà résolue par le joueur.
À ce titre, les énigmes du jeu s'avèrent assez évidentes et peu captivantes, ne consistant bien souvent qu'en plusieurs allers-retours entre les différents locaux du lycée. Toutefois, les choses se pimentent un peu lorsqu'un compte à rebours est enclenché pour certaines énigmes, invitant le joueur à se creuser rapidement les méninges s'il souhaite se tirer de ces mauvais pas. C'est le cas notamment des quelques boss du jeu, souvent impressionnants visuellement, mais qui débouchent sur quelques séquences de QTE sommaires et pas forcément nécessaires.
Passées les deux premières heures de jeu et hormis lors du final, White Day se révèle en fin de compte peu surprenant. Le joueur est régulièrement balloté d'un endroit à un autre du lycée sans qu'aucun changement majeur ne s'opère au niveau des mécaniques de jeu, très répétitives.